#CamerounIaiserie : Le choc émotionnel quand tu réalises que ton pays avance à reculons…

Mes Camerouniaiseries

Attention ! Je n’ai pas dit #Camerounaiserie, qui est un concept porté par Ecclésiaste Deudjui d’Achouka Mondoblog. J’ai dit #CamerounIaiserie. Il y’a la lettre « i » qui fait la différence entre les deux.

Pour court-circuiter votre curiosité, sachez que j’utilise ce néologisme tout simplement pour renvoyer à mes pérégrinations, périples et péripéties de voyage au Cameroun, le pays des lions (in)domptables qui est désormais le théâtre de plusieurs niaiseries.

Après près de 4 années d’absence, pour des raisons académiques et professionnelles, j’ai enfin refoulé le sol du Camer. Déjà que mon voyage retour à travers ASKY n’a pas été facile, je me consolais avec les beaux souvenirs que j’avais gardés du pays, lors de mon dernier séjour. En effet, j’avais laissé un Cameroun corrompu mais vivant, un Système qui essayait tant bien que mal de survivre.

Mais à mon retour, de l’aéroport à mon domicile, j’ai été totalement déphasé (1), dépaysé (2), déboussolé (3), désemparé (4), dépassé (5), désenchanté (6) et désillusionné (7) par ce que je voyais, touchais, entendais, sentais et goutais.

J’étais déphasé…

Car j’imaginais mon pays être, non pas dans une phase de progrès accéléré, mais au pire dans une constance et maintien du statu quo. Mais je m’aperçus rapidement que le pays effectuait une « marche arrière » à la Petit Pays.

Le Bled (pays) est en détérioration lente mais progressive. Et des pays comme le Togo ou le Bénin, qui jadis enviaient le Cameroun dans bien de secteurs, notamment infrastructurels, sont désormais enviés par les Camerounais.

J’étais dépaysé…

Et n’arrivait point à « reconnaitre » mon pays. Douala, jadis bouillonnante est désormais ballonnante et bâillonnant. Jadis exubérante et vivante, elle est désormais « moribonde », très sale et presqu’en état de délabrement. En dehors des ponts sur le Wouri et de quelques rares infrastructures qui ont émergé ici et là, notamment les snacks bars et restaurants, tout est presqu’identique aux dernières photographies mentales que j’ai du pays. Les mêmes bâtiments étaient toujours présents, mais en plus vieux et la majorité des murs, délabrés.

J’étais déboussolé…

Car ne sachant plus où aller. Je me suis dit : « Si Douala la capitale économique est en aussi piteux état », comme un « pamplemousse en cours de pourrissement » pour emprunter les mots d’un oncle ; alors à quoi ressemblerait les petits arrondissements comme Penja, Mbanga et Loum où je comptais me rendre afin de retrouver des membres de la famille ? Si une aussi grande ville urbaine comme Douala, laissait à désirer, qu’en sera-t-il des villes rurales comme Souza, Mbanga et Loum ? me suis-je interrogé durant mon trajet vers le rondpoint Deido où je devais prendre le car vers Mbanga, une ville devenue populaire grâce à l’artiste musicien Lapiro de Mbanga. Une fois que j’y suis arrivé, une autre surprise agréable m’attendait.

J’étais dépassé…

Par les chargements. La donne n’avait pas changé et le « sur-chargement » était toujours une pratique en cours. Le « chargeur », l’homme responsable de trouver les passagers, agissait comme un entraineur ou coach de football. Son classement était 4-4-3:

  • 4 passagers à l’arrière ;
  • 4 au milieu et
  • 3 au siège avant : le chauffeur, le petit chauffeur et un autre passager.

On se retrouvait ainsi à 11 dans une voiture qui normalement ne devait recevoir que 5 passagers : 3 à l’arrière, 1 à l’avant et le chauffeur. Mais puisque le Cameroun c’est le Cameroun…

Durant le chargement, on m’avait mis en « petit chauffeur » ; les connaisseurs comprendront !  Bien que dépassé, ce fut une agréable expérience qui me rappela que j’étais véritablement au bled. Car ailleurs, cette pratique de surcharge des passagers dans les taxis n’était point répandue.

Au Ghana par exemple, le taxi est davantage à usage individuel que collectif et quand bien même un groupe de personnes empruntent un taxi, ce dernier va difficilement accepter de mettre plus d’un passager à l’avant et trois à l’arrière. Mais au Cameroun, l’écart est devenu la règle.

Désenchanté !

Tel fut mon état d’esprit une fois sur la « route » nationale menant vers Mbanga, car les choses, ici aussi, n’avaient point changé. Le trajet fut épuisant et époustouflant.

Epuisant car les nombreux nids de poule voire d’éléphants, transformaient la voiture en un rodéo. Il était difficile de parcourir 2 Km sans entrer dans un creux, à moins d’être un « habitué » du trajet, maitrisant déjà les endroits stratégiques où ces trous se trouvaient pour mieux les éviter.

Epoustouflant le trajet l’était au regard des différents accidents évités jusqu’à l’arrivée. J’ai compris qu’au Cameroun, voyager et arriver à destination en un seul morceau, était déjà à lui seul, un miracle.

Un des nombreux accidents sur les routes (pistes) nationales camerounaises. Il est difficile de voir passer une journée sans recenser un accident de circulation sur le territoire camerounais.

Les chauffeurs sont ainsi des preuves manifestes de la grâce et miséricorde de Dieu, car vu l’état des routes, seule la protection divine, la prudence et conduite responsable, peuvent permettre d’arriver à destination sain et sauf. Tel fut donc mon cas, arrivant ainsi en un seul morceau à Mbanga, ville d’enfance dans laquelle étaient enfouis de nombreux souvenirs.

Mais j’ai très rapidement été désillusionné.

Je projetais développer des incubateurs entrepreneuriaux pour les jeunes de la localité afin de booster l’activité socioéconomique. Mais après quelques jours, je compris qu’il s’agissait là d’une grande illusion au regard de l’environnement extrêmement corrompu et politisé dans lequel il existe de nombreux obstacles administratifs et financiers pour la mise en œuvre d’un projet entrepreneurial. Les seules entreprises qui prospèrent à Mbanga (et au Cameroun en général), sont les centres de vente d’alcool (bars), les Hotels et les restaurants.

Christian Elongué entrain de manger du taro avec la sauce jaune
Christian Elongué entrain de manger du taro avec la sauce jaune.

Malgré mon déphasement,

Malgré mon dépaysement,

Malgré mon déboussolement,

Malgré mon dépassement,

Malgré mon désenchantement,

Malgré mon désillusionnement,

Je reste positif et garde l’espoir que les choses changeront. Pour créer ce changement, il est important de changer ou repenser les priorités sociales, économiques et surtout politiques. L’état de dégradation avancé du Cameroun est le reflet de sa classe politique aux abois car presque tout se résume au leadership. D’aucuns estiment qu’un changement de la classe dirigeante pourrait positivement améliorer la situation. D’autres estiment qu’il n’en est rien, car les mentalités de la jeunesse, censée prendre la relève, sont presqu’identiques sinon plus corrompues et pernicieuses que celle de la génération actuelle.

Il est donc urgent de revaloriser les cours d’éducation civique et morale car cela permettra d’initier les jeunes aux valeurs patriotiques et citoyennes afin qu’ils puissent devenir des citoyens plus responsables, engagés et actifs dans la gestion de la Nation.

D’après vous ? Comment pourrait-on stopper ou limiter le recul progressif du Cameroun ? Car au-delà des infrastructures publiques, l’éthique et la morale foutent également le camp. Comme l’illustre à merveille l’industrie musicale où le sexe, l’alcool et la vie de luxe sont les thèmes de prédilection. Un changement de gouvernement est-il véritablement la solution ? L’après-Biya sera-t-il différent, en mieux ? Sinon, comment construire un meilleur Cameroun ? Prière de commenter pour partager vos idées.

Dans les prochains articles, je vous partagerais d’autres #Camerouniaiseries. Ces choses qui énervent, dérangent, choquent et surprennent au Cameroun. Restez branché !

3 thoughts on “#CamerounIaiserie : Le choc émotionnel quand tu réalises que ton pays avance à reculons…”

  1. arrivé à la destination au Cameroun est un miracle. j’ai aimé l’article.

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    • Bonsoir Adboulaye,
      Bien merci.
      C’est assez regrettable que le Cameroun, malgré le potentiel qu’on dispose, en soit encore là.
      Cela démontre qu’il est impossible d’avancer ou de batir une nation avec un leadership dysfonctionnel.

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