Le métier de traducteur ne sera pas anéanti par l’IA : 3 raisons principales

Pourquoi l’IA ne peut pas remplacer les traducteurs humains ?

Jeudi 13 avril 2023

Rédacteur : Martinien Afangbedji 

Chef du département des services de langues, Kabod  

Introduction

L’essor fulgurant de l’intelligence artificielle a généré des craintes quant à l’extinction de certains métiers traditionnels. Toutefois, il existe des professions telles que celle de traducteur qui ne seront pas condamnées par l’IA. Dans ce blog, nous allons examiner de près les trois principales raisons pour lesquelles les traducteurs resteront des acteurs incontournables malgré l’émergence de l’IA.

  1. Le besoin de créativité et d’adaptabilité en traduction

Bienvenue dans l’univers fascinant de la traduction ! Dans cet univers complexe, la créativité et l’adaptabilité sont des qualités cruciales pour naviguer avec aisance. Imaginez un texte publicitaire destiné à un public spécifique, nécessitant une communication claire et captivante. Les traducteurs humains ont la possibilité d’injecter leur propre talent, leur créativité ainsi que leur sensibilité émotionnelle dans la traduction de ce genre de textes. 

Ils ont la capacité de maintenir l’intention initiale de l’auteur tout en conservant l’impact émotionnel du texte. Avec ces compétences, les traducteurs deviennent des artistes, des magiciens des langues, des danseurs de mots, capables de transformer n’importe quelle langue en une symphonie de sens. En fin de compte, ils sont les gardiens des secrets des cultures, les ponts entre les nations et les gardiens de la beauté linguistique. 

Par exemple, le slogan publicitaire Don’t be evil de Google a été traduit en swahili comme Usiwe mwovu, mais lorsqu’il a été utilisé en Tanzanie, les locuteurs locaux ont trouvé que la traduction avait une connotation négative. En effet, mwovu peut être compris comme « mauvais » ou « vilain » en swahili, mais dans le contexte tanzanien, il peut également signifier « corrompu ». Ainsi, pour les Tanzaniens, le slogan Usiwe mwovu de Google pouvait être compris comme un avertissement implicite contre la corruption, plutôt que comme un appel à l’honnêteté et à l’intégrité. Cet exemple montre comment une traduction littérale peut ne pas suffire à transmettre l’intention et la signification précise du texte dans un contexte culturel spécifique.

Flickr/orvalrochefort

Lorsque Coca-Cola a lancé sa campagne publicitaire en Afrique, ils ont choisi le slogan Taste the feeling pour traduire leur message. Cependant, une traduction littérale en français ou dans une autre langue africaine ne capturerait pas pleinement l’essence du slogan anglais original. Pour la traduction en swahili, les traducteurs ont opté pour la phrase Onja Mshikamano, qui signifie littéralement « Goûtez à la Solidarité ».

Cette traduction créative utilise la notion de solidarité pour communiquer l’idée de connexion émotionnelle que le slogan original cherche à transmettre. Elle s’appuie sur les valeurs culturelles de la communauté qui met l’accent sur l’importance de la solidarité et de l’unité dans la vie quotidienne. Cette traduction montre comment les traducteurs peuvent utiliser leur créativité et leur connaissance de la culture locale pour adapter les messages de marque aux sensibilités culturelles de leur public cible, ce qui renforce leur impact et leur efficacité.

  1. L’importance du contexte culturel dans la traduction

Le contexte culturel joue un rôle crucial dans des traductions précises, et il est essentiel de s’assurer que le contexte culturel est correctement transmis dans les traductions. Bien que les systèmes d’intelligence artificielle comme Microsoft Translator aient fait des progrès significatifs ces dernières années, ils ont encore du mal à comprendre les nuances culturelles de la langue. 

Voici un exemple de phrase que Microsoft Translator pourrait avoir des difficultés à traduire avec précision en raison des nuances culturelles : « La sagesse d’un ancien est plus précieuse que l’argent. » Si l’on traduit littéralement cette expression en anglais avec Microsoft Translator, on pourrait obtenir la traduction suivante : « The wisdom of an elder is more precious than money. »              

Cependant, cette traduction ne transmet pas entièrement la signification de la phrase originale, qui souligne la valeur de l’expérience et de la connaissance acquises au fil du temps, ainsi que la culture de respect envers les anciens dans de nombreuses cultures africaines. Par conséquent, un traducteur humain pourrait traduire ce proverbe comme suit : « The knowledge and experience gained over a lifetime are more valuable than material wealth. » Outre qu’elle transmet le sens voulu du proverbe, cette traduction tient compte du contexte culturel et des valeurs qui le sous-tendent.

Les traducteurs humains peuvent comprendre et transmettre ces nuances culturelles dans leur travail, alors que les outils de traduction automatique comme Microsoft Translator ont encore des limites dans leur capacité à saisir ces nuances

Par ailleurs, les traducteurs humains ont l’avantage de pouvoir intégrer le contexte culturel dans leurs traductions, garantissant ainsi que le sens du texte original est transmis avec précision dans la langue cible. Par exemple, les traducteurs IA ne sont pas en mesure de recréer la signification culturelle derrière le mot ubuntu dans les langues bantoues d’Afrique, ce qui implique un concept plus large de la communauté, de la compassion et de la solidarité.

Dans ce contexte, ubuntu est un terme clé de la philosophie africaine, qui décrit la manière dont les individus sont interconnectés et interdépendants dans une communauté. Les traducteurs humains sont capables de comprendre cette signification culturelle et peuvent donc fournir une traduction plus précise et appropriée dans un contexte africain, tandis que les traducteurs IA peuvent avoir des difficultés à capturer convenablement cette nuance culturelle et fournir une traduction littérale qui ne rend pas compte de la signification culturelle plus large.

  1. La complexité du langage humain et ses nuances

La complexité du langage humain et ses nuances posent un défi important aux outils de traduction automatique. En effet, les langues naturelles ont des nuances linguistiques et culturelles uniques que les machines ne peuvent pas comprendre ou traiter. Par exemple, l’IA est incapable de comprendre l’argot, les émotions et les nuances de ton et de style. 

En outre, les langues présentent des règles distinctes de sémantique, de syntaxe et de grammaire qui rendent complexe la fourniture de traductions précises par les machines. Les moteurs de traduction automatique inspectent tout selon des règles strictes de grammaire, alors que les langues naturelles sont plus fluides et nuancées. Or, les traducteurs humains comprennent la culture de la langue et sont mieux équipés pour détecter l’argot et les nuances. En outre, ils peuvent s’adapter aux changements et aux nuances de la langue au fil du temps, alors que les machines ne le peuvent pas. 

Les outils de traduction automatique sont limités dans leur capacité à comprendre les nuances linguistiques et culturelles des langues naturelles, ce qui rend les traducteurs humains indispensables.

Le mariage harmonieux de l’IA et du traducteur humain : une collaboration indispensable

Into-nations/Laetitia Senes

Le traducteur humain peut toujours traduire même sans la machine. Alors que la machine a besoin et se sert des données générées par les traducteurs humains pour apprendre et être efficace dans son travail. Les outils de traduction automatique seront donc toujours dépendants du savoir et de l’expertise humaine, alors que l’inverse n’est pas toujours nécessaire. 

Par exemple, les traducteurs humains sont en mesure de déterminer quels outils de traduction sont les mieux adaptés à chaque tâche en fonction de facteurs tels que le budget, le temps et le volume. Pour un projet nécessitant une traduction rapide et peu coûteuse, un traducteur peut décider d’utiliser des outils de traduction automatique et de post-édition par un traducteur humain pour garantir la qualité du résultat final. 

En revanche, pour un projet nécessitant une qualité de traduction élevée, un traducteur peut décider de réaliser une traduction entièrement manuelle en se basant sur son expertise linguistique et culturelle pour fournir une traduction précise et fluide. Les traducteurs humains peuvent également décider d’utiliser des outils de terminologie spécialisés pour garantir la cohérence terminologique dans des projets techniques ou spécialisés. La décision d’utiliser des outils de traduction automatique ou de réaliser une traduction manuelle repose sur une évaluation globale des besoins du client et des objectifs de la traduction.

La collaboration entre le traducteur humain et l’IA est essentielle pour que les outils de traduction automatique soient vraiment efficaces. La coopération entre l’homme et la machine est la clé pour une traduction de qualité supérieure et une expérience utilisateur optimale.

Conclusion

En conclusion, bien que l’intelligence artificielle puisse être un outil précieux pour les traducteurs, elle ne peut pas remplacer la compréhension des nuances et du contexte culturel, la créativité linguistique et la capacité à interagir chaleureusement avec les clients. Ainsi, les traducteurs continueront de jouer un rôle central dans le processus de traduction, même avec l’avènement des technologies d’IA. Les traducteurs humains ont une compétence unique qui les rend indispensables dans l’ère numérique actuelle. Bien que les machines d’IA soient de plus en plus sophistiquées, elles ont encore besoin de la contribution et de l’expertise humaine pour fournir des traductions précises et de qualité supérieure. Le métier de traducteur ne sera point remplacé par l’IA, mais plutôt enrichi grâce à elle.

Author: Martinien Afangbedji 

Martinien Afangbedji is a language professional with a Master’s degree in Translation from the University of Ghana. He is currently the Head of Language Services at Kabod Group International, where he delivers exceptional language services and manages teams of linguists, project managers, and other language professionals. With years of experience as a freelance translator and working in international organizations, Martinien has gained valuable skills in providing high-quality language services.

1 thought on “Le métier de traducteur ne sera pas anéanti par l’IA : 3 raisons principales”

  1. Wowww, absolutely! That’s really relevant …
    Great Job senior man

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