Analyse des institutions francophones produisant des MOOCs en Afrique

Les MOOC (Massive Open Online Courses – Cours en Ligne Ouvert et Massif) sont des cours éducatifs en ligne auxquels un nombre illimité d’apprenants peuvent accéder. Ils sont fournis par des entreprises privées, des organisations à but non lucratif, des institutions gouvernementales et des universités du monde entier. Si la plupart d’entre eux sont payants, les cours « gratuits » sont également présents en grand nombre.

Le cout des cours payant est cependant insignifiant comparé à celui en présentiel, et certains offrent même des crédits et des certificats. Ces cours couvrent un large éventail de sujets et la flexibilité en ce qui concerne la participation aux cours en ligne, les tests et la durée du cours a accru la demande ces derniers temps.

Tel des champignons, de nombreuses plateformes et entreprises ont germé pour encadrer, réguler ou faciliter l’évolution et l’accès aux cours en ligne. C’est le cas pour Coursera, edX, Pluralsight, Edureka, Alison, Udacity, Udemy, Miríadax, Jigsaw Academy, Simplilearn, iversity, Intellipaat, Edmodo, FutureLearn, LinkedIn, NovoEd, Open2Study, WizIQ, Skillshare, XuetangX, Federica, Linkstreet Learning, Khan Academy, and Kadenze.

Par ailleurs, malgré l’évolution rapide des MOOCs en Amérique, Asie et Océanie, on note un certain déphasage en Afrique. Certains obstacles relatifs à l’accès et l’accessibilité des MOOCs, limitent leur adoption massive dans le secteur de l’enseignement et de la formation en Afrique. Des divers obstacles existants, les plus communs demeurent l’accès courant à l’électricité, le cout d’accès à une connexion internet de qualité, les capacités techniques des terminaux numériques utilisés pour accéder aux contenus en ligne, et parfois la faible connaissance pour naviguer sur ces plateformes. Sans oublier que la connaissance de l’existence des MOOC chez les étudiants(e)s africain(e)s est faible.

Malgré ces obstacles, une étude a démontré que la majorité de ceux qui s’inscrivent dans les MOOC sont d’Afrique. Le fait que les africains bénéficient et s’impliquent massivement dans le suivi des MOOC est à vivement encouragé du moment que cela contribue au développement personnel ou professionnel des apprenants. Cependant, il est également important d’évaluer la contribution de l’Afrique non pas seulement au niveau de la consommation mais aussi au niveau de la production des savoirs véhiculés dans les MOOCs.

En effet, les MOOCs sont de puissant vecteur de diffusion des connaissances, de diplomatie culturelle et ont même une influence géostratégique sur les pays. Dans cette ère de l’économie de la connaissance, il est très important pour les nations d’être non pas des espaces de consommation des savoirs mais surtout des centres de production des savoirs, connaissances et de promotion de l’innovation.

L’information est un pouvoir parce que les idées reçues influencent grandement les prises de décision. Le fait de suivre des MOOCs conçu majoritairement par des universités nord-américaines, européennes et plus récemment asiatique (avec la Chine et le Japon), crée donc un certain déphasage et inadaptation aux réalités culturelles et socio-économiques locales.

Pour y remédier, certaines initiatives sont nées sur le continent pour encourager, faciliter et contribuer à la production et promotion de l’éducation numérique, et particulièrement le développement des CLOMs. C’est le cas par exemple du Programme MOOCs Afrique qui s’efforce d’offrir aux étudiants en STEM (sciences, technologie, ingénierie et mathématiques) des institutions partenaires, un accès à des contenus de même qualité que ceux des pays industrialisés tout en étant pertinents pour les économies locales.

Ces initiatives ont donné naissance à des MOOC collaboratifs portés par des universités ou établissements supérieur africain en partenariat avec des centres spécialisés dans le développement/gestion des MOOC. L’objectif de ces projets de collaboration est de créer des MOOCs dans le cadre de partenariats entre institutions du Nord et du Sud.

1.    EPFL : L’École polytechnique fédérale de Lausanne

C’est le cas pour L’École polytechnique fédérale de Lausanne, une des premières institutions européennes à avoir crû au potentiel des MOOCs. Avec aujourd’hui 100 MOOCs produits et 25 autres en cours de production. Une grande partie de ces MOOCs sont d’intérêt direct pour l’Afrique et ceux produits avec des universités africaines sont :

Les enseignants titulaires sont Jérôme Chenal, expert sur de nombreux projets de développement en Afrique (Tchad, Sénégal, Mauritanie, Guinée, …) et Isagha Diagana, enseignant-Chercheur à l’Université de Nouakchott et expert en urbanisme et en aménagement. L’objet du cours est l’étude de la restructuration des quartiers précaires des villes africaines. Il s’agit, en partant de la compréhension de leur formation, de leur organisation et de leur fonctionnement, d’examiner les modes d’intervention qui visent leur revalorisation et intégration dans les structures formelles des villes qui les accueillent. 

Ici on retrouve de nouveau Jérôme Chenal, mais cette fois ci avec N’Diékhor Yemadji, Enseignant-chercheur à la Faculté des Sciences Humaines et Sociales de l’Université de N’Djaména (Tchad). Le cours propose une lecture de l’environnement urbain en Afrique à travers les thématiques les plus pertinentes pour mesurer le niveau de développement d’un pays : eau et vie urbaine, assainissement (eaux usées et pluviales), gestion des déchets solides, agriculture urbaine.

Dr. Jérôme Chenal, de la Faculté de l’Environnement Naturel, Architectural et Construit (ENAC) collabore ici avec Dr Pape Sakho de l’Institut de Population, Développement et Santé de la reproduction (IPDSR) à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD). Ils y présentent comment les villes africaines, en particulier les grandes agglomérations, sont marquées depuis la 2ème moitié du XXème siècle par une croissance démographique et spatiale sans précédent, ce qui accroit les besoins de mobilité pour relier des lieux de plus en plus éloignés. 

Le programme MOOC Afrique de l’EPFL, a soutenu financièrement la production de 47 MOOCs qui présentent de l’intérêt pour les partenaires africains dont 42 ont déjà été mis en ligne.

2.   Université Senghor d’Alexandrie

Au-delà des MOOC collaboratifs produits par l’EPFL, notons également ceux produits par l’Université Senghor d’Alexandrie, opérateur direct de la Francophonie en charge de l’enseignement supérieur et du développement de leaders africains. Deux MOOC y ont été produits :

Ce Clom est le fruit d’une démarche partenariale entre l’Agence Française de Développement (AFD) à travers son Campus (AFD – Cam), et la Coopération pour le Développement et l’Amélioration des Transports Urbains (CODATU), et deux Opérateurs de la Francophonie, l’Université Senghor et l’Agence Universitaire de la Francophonie (AUF). Par ailleurs, il est possible d’obtenir une certification en cas de réussite à 60 Euros.

·       Paix et sécurité en Afrique Francophone.

Ce cours est porté par l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), le Centre des Hautes études de défenses et de sécurité (CHEDS) et le Réseau africain pour le secteur de la sécurité (RASS). S’agissant du CHEDS, il s’agit d’un établissement public sénégalais basé à Dakar qui œuvre à la diffusion de référentiels dans les domaines de la défense et de la sécurité tandis que le Réseau africain pour le secteur de la sécurité (RASS), plus connu sous le sigle anglais ASSN (African Security Sector Network) est une organisation panafricaine, composée d’experts et d’organisations travaillant sur la réforme des systèmes de sécurité en Afrique. Au-delà de ces deux organisations africaines, la majorité (4 sur 6) de l’équipe enseignante est d’origine africaine :

  • Dr. Niagale Bagayoko, Présidente de l’ African Security Sector Network
  • Dr. Alioune Drame, directeur du département « Management » de l’Université Senghor
  • Dr. Gilles Yabi, fondateur et le président de WATHI
  • Dr. Axel Augé, ancien Visiting Professor à l’université de Libreville (Gabon) dont les recherches actuelles portent sur les transformations des organisations militaires en Afrique centrale et le maintien de la paix.

3.   L’Université Mohamed VI Polytechnique du Maroc (UM6P)

L’Université Mohamed VI du Maroc en partenariat avec l’EPFL a lancé une initiative de soutien de l’enseignement virtuel à distance, visant à accroître les capacités didactiques adaptées aux défis du contexte de la pandémie COVID-19 en Afrique et ailleurs. L’UM6P a également mis à disposition plus de 700 ressources en ligne, accessible sur la plateforme prepadigitale.com, pour les professeurs des institutions francophones. Plus de 1 000 participants représentant 34 institutions provenant d’une douzaine de pays d’Afrique australe, orientale et occidentale, ont reçu des informations et des formations sur la pédagogie en ligne. Enfin, une plateforme a été proposée pour créer des cours privés en ligne.

4.   Autres Plateformes de MOOC en Afrique

·        Magie CAMES du conseil Africain et Malgache pour l’Enseignement Supérieur
  • MOOCs UAC : Plateforme de MOOC de l’université d’Abomey-Calavi au Bénin
  • BELLOMAR est une plateforme web multifonctionnelle de Formation, d’Accompagnement, de Communication et d’Information.

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