Pour un vivre ensemble sans discrimination de genre
Le développement est un processus d’expansion des libertés qui doit profiter à toute la société. Dans cette optique, l’égalité des genres est un objectif fondamental en soi. Le genre d’une personne impacte sa vie quotidienne et ses aspirations, son niveau d’éducation, ses choix en matière d’emploi, sa capacité à décider et d’autres aspects du bien-être. Il s’ensuit que, pour autant que le développement signifie une moindre pauvreté monétaire ou un meilleur accès à la justice, il doit également impliquer des disparités moins importantes entre les conditions de vie de la population masculine et de la population féminine. Cette optique est aussi manifestement celle de la communauté internationale pour laquelle promouvoir l’égalité des genres et l’autonomisation des femmes sont des objectifs de développement à part entière, inscrits dans le 3ème et le 5ème OMD.
Pour parvenir à l’autonomisation économique des femmes il faudrait apporter un soutien aux entreprises, organisations non gouvernementales et associations dirigées par des femmes par le biais d’un accès accru au crédit et appuyer l’accès des femmes à l’éducation secondaire et supérieure et aux programmes de formation professionnelle afin qu’elles puissent décrocher des emplois de haute qualité dans le marché du travail. A cet effet, le Service d’Assistance Canadienne aux Organismes (SACO), depuis 25 ans a encadré des milliers de femmes en développement économique et en gouvernance. Elle a amélioré l’accès à l’eau potable salubre dans des collectivités au Honduras, crée des associations de leadership féminin au Sénégal, améliorer la sensibilisation à une saine alimentation parmi les femmes au Cameroun Nous avons aussi l’Association Sthenos-Phanos pour l’Appui aux Initiatives Locales (ASPAIL) qui soutient les initiatives d’entreprises locales au Sénégal. Actions et initiatives qui touchent de nombreux aspects de la vie des femmes et améliore ainsi leurs perspectives d’avenir.
Ces organisations ont réussi à démontrer que l’égalité entre hommes et femmes peut avoir d’importants effets sur la productivité. En effet, les femmes constituent maintenant plus de 40 % de la population active totale, 43 % de la main-d’œuvre agricole et plus de 50 % des étudiants universitaires à l’échelle mondiale. Pour qu’une économie puisse fonctionner à la mesure de son potentiel, il faut que les compétences et les aptitudes des femmes soient consacrées à des activités qui les utilisent au mieux. Mais, en pratique, ce n’est pas toujours le cas pour de nombreuses femmes.
De la nécessité d’une autonomisation économique des femmes
L’égalité entre les genres est un objectif de développement en soi car les inégalités entre hommes et femmes alimentent le sous-développement. Mais elles importent aussi parce que la parité hommes-femmes est un atout pour l’économie. L’autonomisation économique est un moyen essentiel de corriger les déséquilibres entre les hommes et les femmes, des déséquilibres qui ont, jusqu’à présent, fait obstacle au bien-être de la moitié de la population mondiale. Et comme le mentionnait le Programme d’action adopté lors de la Quatrième Conférence Mondiale des Nations Unies sur les Femmes à Beijing en 1995 : « L’autonomisation des femmes et l’égalité entre hommes et femmes sont des prérequis pour l’atteinte de la sécurité politique, sociale, économique, culturelle et environnementale parmi tous les peuples. »
L’autonomisation économique des femmes est un processus qui comporte essentiellement deux volets : les ressources et les possibilités. Les ressources de production sont les avoirs dont les femmes ont besoin pour progresser économiquement. Cela comprend des actifs corporels comme des ressources financières (revenu, épargne, crédit) et des ressources physiques (terre, logement, technologie), ainsi que des actifs incorporels comme des compétences, un savoir-faire technique et une reconnaissance sociale. Le simple fait de posséder des ressources de production ne signifie pas automatiquement que les femmes jouissent d’une autonomie économique. En réalité, de meilleurs emplois, des possibilités plus nombreuses de créer et de gérer des entreprises viables, un accès accru à la terre, à l’éducation et à l’acquisition de compétences, des occasions de participer aux processus décisionnels : voilà ce qui permettra aux femmes de sortir de la pauvreté et d’améliorer leur qualité de vie, ainsi que celle de leur famille et de leur collectivité.
Lorsqu’une femme est économiquement autonome, elle est davantage en mesure de participer aux activités économiques, de rompre le cycle de la pauvreté et de participer de façon plus reconnue aux activités politiques, économiques et culturelles qui se déroulent autour d’elle. Annie Mbatchi est de celles là qui ont appris très tôt le sens des affaires et qui par la force du travail, sont parvenus à asseoir une certaine marge d’autonomie vis à vis de leur époux. Initié par son père durant son enfance, à la gestion économique d’une pharmacie, elle en gardera les aptitudes qu’elle réinvestira dans d’autres secteurs économiques. Aujourd’hui, c’est une femme relativement indépendante qui contribue activement aux dépenses familiales en assumant certaines charges. Vous êtes sans ignoré que les hommes africains apprécient davantage ce genre de femmes qui parviennent ainsi à leur “soulager” dans les lourdes taches qu’ils ont. Certains mêmes vont jusqu’à évaluer la force économique d’une femme avant de leur épouser.
En outre, l’autonomisation économique de la femme signifie des emplois plus intéressants et plus nombreux pour les femmes dans tous les secteurs, un climat d’affaires favorable aux femmes entrepreneures et un secteur financier qui offre aux femmes une gamme de produits et services qui répondent à leurs besoins particuliers. Et surtout, l’autonomisation économique signifie la transformation de dynamiques de pouvoir injustes et l’accès à des outils et à des possibilités de réussite économique. Lorsqu’une femme possède plus de moyens et de ressources de production, elle transforme ses perspectives dans tous les domaines de sa vie, y compris l’emploi, l’éducation, la santé, le logement, la participation sociale et politique et la sécurité physique.
Le vivre ensemble, ce projet humaniste actuellement promu par les organismes internationaux est donc impossible sans une réelle prise en compte de la place et du role de la femme. Elle doit être associée à toute initiative qui concoure à son bien-être, passer du statut de spectateur à celui d’acteur. Seule une société unie et solidaire est à même de pouvoir répondre aux défis qui se présentent à elle. Les hommes et les femmes doivent donc être égaux en droits et en devoirs et être traités de façon égale par la société chaque fois qu’ils fourniront les mêmes aptitudes.