Si vous voulez réduire au silence, une salle pleine de dirigeants, demandez leur « Etes vous vraiment qualifier pour diriger ? » nous conseillent Robert Goffee et Gareth Jones, des consultants en comportement organisationnel. Et ils ont toujours obtenu la même réponse : un silence soudain et stupéfait. On entendait plus que les pieds de l’assistance frotter nerveusement le sol.
Les dirigeants ont de bonnes raisons d’être effrayés par cette question. Rien n’est possible dans une entreprise, une organisation ou une équipe si personne ne vous suit. Or en ces temps où déléguer est à la mode, trouver des « suiveurs » est plus difficile. Les leaders ont donc intérêts à savoir diriger de manière efficace ; ils doivent trouver des moyens de mobiliser les gens et de susciter leur engagement dans la réalisation des objectifs. Mais la plupart ne savent pas comment s’y prendre et qui pourrait le leur repprocher ?
Tout le monde s’accorde à dire que les leaders doivent avoir autorité, énergie, stratégie et vision. Cependant, une étude exhaustive des théories dominantes sur le leadership, réalisée par Gareth Jones et Robert Goffee avec des milliers de dirigeants confirmés et débutants, ont permis de découvrir que les grands leaders partagent quatre qualités inattendues.
REVELEZ VOS FAIBLESSES !
Ils dévoilent leurs faiblesses de manière sélectives : des défauts choisis. La règle d’or est de ne jamais avouer une fragilité qui serait perçue comme un défaut rédhibitoire. C’est-à-dire un vice qui compromettrait l’essence même de votre rôle professionnel. En 2014, lorsque je débutais l’enseignement de la langue anglaise dans un lycée à Dschang, j’ai avoué à mes élèves, que jadis, je considérais aussi la maitrise et le maniement de l’anglais comme une faculté ou don divin. « L’Anglais… c’est Dieu qui donne3, disait-on alors. En admettant ainsi la difficulté de cette langue pour un locuteur francophone, je reconnaissais une certaine vulnérabilité en me montrant accessible et humain. Cet aveu de vulnérabilité contribue à créer une atmosphère de confiance et favorise l’implication ou l’adhésion de vos collaborateurs.
DEVELOPPEZ VOTRE INTUITION !
La seconde qualité des leaders exceptionnels est qu’ils recourent principalement à l’intuition pour apprécier le bon timing et le déroulement de leurs actions. Les personnes intuitives captent aisément les sentiments non exprimés.
PRATIQUEZ LA BIENVEILLANTE FERMETE !
Troisième qualité des grands leaders : ils dirigent avec bienveillance et fermeté. Pratiquer une « bienveillante fermeté » signifie, par exemple, donner à son équipe, ce dont ils ont besoin et non ce qu’ils désirent. Ces leaders manifestent un intérêt profond et réaliste pour les gens et leur travail, et font preuve de sincérité. Les leaders bienveillants sont ceux qui tiennent à quelque chose, qui ont une passion, car ils sont plus enclins à se montrer tels qu’ils sont. Ils sont non seulement plus authentiques, mais ils ne se contentent pas de jouer un rôle. Personne ne s’engagera auprès d’un dirigeant qui se borne à remplir ses fonctions. Vos collaborateurs veulent plus ; ils désirent travailler auprès de quelqu’un qui s’intéresse profondément à eux et à ce qu’ils font, tout comme eux le font pour vous.
OSEZ LA DIFFERENCE !
La quatrième qualité des leaders les plus remarquables est leurs capacités à capitaliser sur leurs différences. Ils se servent de ce qu’ils ont d’unique pour se distancier des autres, ce qui entraine leurs collaborateurs à se dépasser. Cependant, à force de se vouloir différent, le risque, bien sur, est de se singulariser à l’excès. C’est ainsi qu’à force de vanter votre intelligence ou exploits, vous ne deveniez arrogant et orgueilleux pour vos suiveurs. Votre différence, mal exprimée, se révèle ainsi fatale.
Ces quatre qualités sont nécessaires à un bon leadership mais ne doivent pas être utilisées de manière mécanique. Un bon leader les combine et les adapte de manière à répondre aux exigences de chaque situation. Plus important, ces qualités soulignent l’authenticité chez les leaders c’est-à-dire « être soi-même, avec talent ». Précisons-le, cette théorie au sujet des quatre qualités essentielles du leadership ne concerne pas les résultats eux-mêmes. En effet, un grand nombre de leaders réalisent d’excellentes performances financières mais ne parviennent pas à inspirer les gens en captivant leur cœur, leur esprit et leur âme. Le charisme ne fait pas tout, mais les bons leaders en connaissent la valeur.
Pour avoir un impact irrésistible, les leaders doivent avoir ces quatre qualités : n’en posséder qu’une ou deux ne suffit pas. Ceux qui assument fièrement leurs différences mais dissimulent leurs faiblesses, par exemple, sont généralement inefficaces : personne ne veut d’un dirigeant ou leader parfait. Prenons un autre cas, celui de l’humour que je pratique souvent. C’est une manière très efficace d’affirmer sa différence : utilisé à bon escient, l’humour diffuse le charisme d’un leader ; mais lorsque cela est placé à des moments inopportuns, cela peut te faire passer pour un être superficiel voire un imbécile. Et je l’ai souvent expérimenté. Indescriptible est le malaise qu’on ressent après avoir lancé une blague pour détendre l’atmosphère et qu’elle n’a pas d’effet. Les regards et le silence qu’on reçoit sont plus éloquent que milles paroles.
Et toi, au regard des points précédents. Es tu qualifié pour diriger ? (J’attends ta réponse ! )