Le viol est un acte odieux, dégradant, avilissant et de lâcheté. Je pense qu’il est temps de considérer le viol, même conjugal, comme une pratique moralement, éthiquement et religieusement condamnable. Il faut mettre fin à l’impunité et considérer le viol conjugal un crime qui mérite d’être puni par la loi. Les 5 questions rhétoriques ci-dessous vous permettront de comprendre pourquoi rester silencieux, c’est se rendre complice de l’objectivation sexuelle des femmes.
Quelques petites questions pour débuter…
- Connaissez-vous véritablement ce qu’est le viol et ce qu’être violé signifie ?
- En avez-vous déjà été victime ou témoin ?
- Si non, aimeriez-vous en être victime ?
- Si ‘non’ à la question 3, imaginez votre corps et vos parties intimes (homme ou femme) être pris d’assaut, agressé violemment par un corps étranger qui se sert de vous comme simple instrument ou objet de plaisir ? Comment vous sentirez vous après ? Heureux(se) j’espère !
- Connaissez-vous l’impact psychique et traumatisant de cette pratique sur la victime ?
Si votre réponse est ‘Oui’ à la première question, alors vous n’avez pas besoin de lire la suite. Vous pouvez sauter ces lignes et aller directement signer cette pétition pour soutenir Hussein Noura, une survivante de viol qui a tué son mari en se défendant. Si votre réponse est plutôt ‘non’, vous devez absolument me lire jusqu’au bout !
Avez-vous déjà été victime ou témoin de viol ?
Si votre réponse est ‘Oui’ à la cette question, vous devez aisément comprendre l’expérience qu’a vécue Noura Hussein : être maintenue de force au sol par des hommes pendant que son « mari » la violait. Imaginez l’humiliation, la haine et le dégoût qu’elle a ressenti mais surtout ce sentiment de peur qui vous habite et ne vous lâche plus d’une semelle. La peur d’avoir à revivre la même expérience. La peur d’être à nouveau agressée, fouillée, utilisée comme du vulgaire papier hygiénique.
Oui ! Si vous avez vraiment été victime de viol, vous devez, même à l’instant présent où vous lisez ces lignes, toujours avoir cette peur-là enfouie au fond de vous. Elle refait surface chaque fois que vous vous retrouvez seule dans le noir. Depuis ce jour, vous avez peur de tout : peur du noir, peur des hommes et de vous-même. Car vous savez que vous serez imprévisible si jamais un autre homme s’aventurait à vouloir abuser de vous par la force. En tant que femme, il vous sera très difficile d’aimer ou d’accorder entièrement votre confiance à un homme suite au martyr qu’il vous ont déjà fait vivre.
Avez-vous déjà victime ou témoin de viol conjugal ?
Contrairement au viol commis par un étranger qui est unique, celui vécu en famille est régulier et les femmes doivent dans la plupart du temps, vivre dans la honte et l’humiliation, la peur de représailles et le déshonneur qu’une telle dénonciation jetterait sur la famille. Cette humiliation perpétuelle les rend plus vulnérables aux infections sexuellement transmises par leur mari et exacerbent chez elles des tendances suicidaires
Maintenant !
Imaginez donc le désarroi de Noura Hussein, à l’idée d’être violée ainsi toute sa vie.
Imaginez sa frayeur à l’idée de subir le même supplice deux, trois, quatre, cinq, six…. fois.
Imaginez sa déception d’être incomprise par sa famille, qui ne voyait en elle qu’une marchandise.
Imaginez sa peine de se voir condamner à mort pour avoir voulu préserver sa dignité et son honneur.
En tant que survivante de viol, signer cette pétition, est un moyen pour vous de dire STOP au viol conjugal en Afrique et dans le monde. Selon les dernières statistiques, 51 % des Africaines considèrent que leurs maris ont raison de les battre quand elles sortent sans leur autorisation, ne s’occupent pas bien des enfants, refusent d’avoir un rapport sexuel ou laissent brûler le repas…
Toujours pour la question deux, si vous n’avez qu’été témoin de viol : soit votre sœur, votre mère, votre fille, votre tante ou tout une amie… Alors vous devez savoir combien il est difficile de réconforter les victimes de viol. Vous devez connaitre ce sentiment d’impuissance qu’on ressent devant une personne meurtrie dans son être. Vous devez savoir que les mots, aussi beaux soient-ils ne soignent pas tous les maux, surtout les blessures psychiques, celles de l’âme et de l’esprit, qu’on écope après un viol. En tant que témoin, vous ne souhaiteriez surement point que cela arrive à quelqu’un d’autre. Vous avez l’opportunité aujourd’hui de soutenir non pas une mais toutes les victimes de viols de par le monde en signant cette pétition. Hussein est la voix de toutes ces victimes silencieuses qui n’ont point de voix.
Aimeriez-vous être victime de viol ?
A moins d’être sadomasochiste, il est difficile pour une personne de répondre par l’affirmative à cette question. Le viol est une pratique qu’on ne devrait souhaiter même à son pire ennemi. Il a été utilisé à de nombreuses reprises comme arme de guerre au Congo, en Centrafrique, et ses effets néfastes à long terme sur les victimes ont conduit la Cour Pénale Internationale (CPI) a le considéré comme une arme de « destruction massive », un crime contre l’humanité. Ainsi, tous ces hommes qui « forcent » leurs femmes pour avoir des rapports sexuels sont des criminels de guerre en miniature. La seule différence réside au niveau du nombre de victimes mais la pratique avilissante reste la même. Le viol est surement l’atteinte la plus pernicieuse qui soit aux droits des femmes et à leur pudeur.
Puisque vous n’aimeriez jamais être victime de viol, alors vous devriez condamner les systèmes où cette pratique est « tolérée ». L’Article 91 de la loi soudanaise sur la famille ne reconnaît pas le viol d’une femme par son mari. « Une femme mariée doit obéir à son mari. Si le mari a payé la dot et s’il fournit un logement convenable, sa femme ne peut pas refuser les rapports sexuels ». Au Maroc, l’article 475 du code pénal permettait à un homme coupable de viol sur mineure d’échapper à la prison s’il épouse sa victime. Amina Filali, une marocaine de 15 ans avait mis fin à ses jours après avoir été forcée d’épouser son violeur. La femme n’est point une propriété ni un objet sans émotion qu’on utilise bon gré mal gré.
La dot n’est qu’un rituel cultuel et culturel qui n’enlève point la liberté de la femme pour la concéder à son époux. Ainsi, une femme peut effectivement et délibérément refuser d’avoir les rapports sexuels si elle n’y est pas disposée. Le sexe nécessite d’ailleurs l’implication et la participation active des deux partenaires. Il devient une forme de violence si l’autre n’y consent point. Cette loi soudanaise, semblable à celle présente dans d’autres pays musulmans africains, refuse le droit aux femmes comme Noura Hussein, Amina Filali, Khadija Souidi… de jouir librement de leur corps. Si vous êtes contre cette instrumentalisation de la femme, alors veuillez signez cette pétition puis la diffuser.
Connaissez-vous l’impact psychique et traumatisant de cette pratique sur la victime ?
Connaissez-vous l’étendue du traumatisme et de la violence auxquelles sont sujettes des milliers de femmes victimes de viol ? Sans suivi psychologique, les victimes s’en remettent difficilement. C’est le cas de la jeune marocaine de 16 ans Khadija Souidi, qui s’était immolée par le feu après que ses huit violeurs furent jugés non coupables et remis en liberté. Noura est un cas de viol où la victime est condamnée et les oppresseurs non. Elle n’est point une criminelle mais une « héroïne » qui a osée dire NON à son bourreau et s’est battu pour sa dignité. Au lieu de condamner, nous devons supporter et soutenir ces survivantes de violences sexuelles, les encourager à dénoncer leurs bourreaux et trouver justice.
C’est cette stigmatisation et l’acceptation sociale de cette pratique qui les emmurent dans le silence, sans espoir et prisonnière de dans leur propre foyer. C’est cette stigmatisation qui est à l’origine de la tragédie dans laquelle se retrouve Noura Hussein. Si les hommes sont pénalement punis pour les viols conjugaux, cette pratique régressera. Les autorités ayant préféré se réfugier dans le mutisme et l’indifférence, des millions de femmes continuent d’être victimes de ce crime silencieux, de vivre dans l’angoisse et la honte sans obtenir une prise en charge adéquate et sans que justice leur soit faite. Ainsi, ne pas condamner cette pratique c’est être misogyne. La question que nous sommes en droit de nous poser est : Jusqu’à quand ?