Afropolitanis_Christian Elongue

Que doit faire l’Afrique pour se lever des strapontins du bateau de la mondialisation?

Pour passer du rôle de spectatrice à celui d’actrice au théâtre de la mondialisation, l’Afrique doit adopter une approche complémentaire de son développement. Elle doit ainsi affronter les défis liés à la mondialisation de manière correcte et au rythme qui convient, tout en restant sensible aux problèmes de développement qui lui sont particuliers. La problématique de notre réflexion était de montrer comment y parvenir compte tenu des tensions entre les systèmes économiques actuels et parvenu au terme de notre analyse, nous constatons que les challenges que l’Afrique se doit de relever restent nombreux. Entre autres nous avons évoqué la nécessité de passer le stade des gouvernements, autoritaire et monarchique, pour intégrer la « gouvernance internationale » ; de passer d’un nihilisme éthique à un civisme éthique ; de passer de la fermeture ou du repli identitaire et culturel à une ouverture au monde, à une poétique du Divers et de progresser dans la voie de l’intégration régionale qui exige de la part des pays un engagement fort à fournir des efforts résolus pour rationaliser les arrangements existants.. Aussi, à l’heure de l’économie du savoir, l’Afrique ne devrait plus être marginalisée dans le processus de production des connaissances d’où la nécessité pour la recherche africaine de faire face au défi de l’excellence scientifique. Enfin, nous avons aussi relevé qu’il était nécessaire pour y parvenir de mettre sur pied des politiques qui promeuvent le développement éthico-philosophique, socioéconomique et idéologico-culturel et aussi d’user l’intégration régionale comme tremplin pour s’intégrer de manière fructueuse dans le bateau de la mondialisation.

Afropolitanis_Christian Elongue

POURQUOI LES AFRICAINS REFUSENT-ILS LE « DÉVELOPPEMENT » ?

« L’obstacle majeur au développement en Afrique, quel que soit le domaine considéré, est d’abord de nature psychologique. »

Le sous-développement africain commence par le sous-développement de la perception de soi et du monde extérieur, par l’immobilisme des mentalités et se perpétue par le retour des Africains lettrés aux valeurs du terroir, sans condition. Il serait alors naïf de croire que le « sous-développement » de l’Afrique soit dû à un quelconque manque de capitaux. La compréhension de la stagnation des africains doit d’abord s’opérer au niveau micro-économique le plus élémentaire, dans la tête des africains, c’est-à-dire la mentalité, qui jusqu’à présent demeure taboue et sacralisée.

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Quand le doute devient une richesse.

Cette phrase simple mais profonde résume à merveille la pensée de l’écrivain franco-égyptien Robert SOLE lors du Café littéraire organisé par l’Institut Français d’Alexandrie.

        Ce romancier profita de son passage dans son pays d’origine pour entretenir les francophiles parmi lesquels le Consul de France à Alexandrie, sur sa carrière d’écrivain, de journaliste et d’historien. Il souligna d’emblée que ces trois casquettes ne se superposaient point mais s’imbriquaient à merveille. D’une part le journalisme lui a permis de faire de nombreuses rencontres à travers des voyages et des enquêtes. Elle lui permet de questionner et de commenter l’actualité, le réel.  D’autre part, l’écriture romanesque lui permet de transcender le réel, de se transplanter dans l’imaginaire et de revisiter la mémoire ou le passé. En effet, « le passé le passionne mais ne l’y enferme pas ». S’inspirer du passé est certes bien mais l’écrivain se doit de le transgresser et de le transpercer à travers une écriture critique sur les problèmes de la société. Pour ce qui est de la société égyptienne, il souleva que ces problèmes étaient davantage d’ordre économique (fracture sociale), sécuritaire (incident du Sinaï) et humanitaire (droits de l’homme). Enfin, sa carrière d’historien enrichit sa création de faits, de détails qui se reflètent par la beauté de ses descriptions et la richesse de ses récits. Histoire, mémoire et devoir d’écriture sont donc intimement liés.

           En outre, l’ancien rédacteur de la rubrique religieuse du Quotidien français Le Monde, déclarera que la religion et la question identitaire sont au cœur des plus grands enjeux contemporains. S’agissant de la religion, elle a pendant longtemps été banalisée par les dirigeants qui évitaient maladroitement (consciemment ?) de poser les questions essentielles. Le terrorisme a-t-il toujours  OU forcément des soubassements religieux ? A la suite des récentes attaques terroristes, celles de Grand-Bassam ou de Belgique, les médias occidentaux ont tiré des conclusions hâtives assez faciles, et semble-t-il, logiques. Essayer d’éradiquer le terrorisme revient à découvrir les motivations des terroristes. Les attaques de Londres, Radison Hotel, les kamikazes de Boko Haram au Nord du Cameroun ou enfin ceux de Paris ont tous essayer d’être justifiés par des motifs religieux. A ce propos, l’auteur de Les Nouveaux Chrétiens(1975) estime que :

« la religion, au-delà du fanatisme, a pris une place excessive mais négative dans la société contemporaine car elle va à l’encontre de l’esprit critique, du doute ».

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La jeunesse africaine serait-elle masochiste ?

     “If you chercham, you trouvam. You trouvam and you supportam“. Lapiro de Mbanga. Artiste Musicien Camerounais

  Le masochisme est la recherche du plaisir dans la douleur. De même l’Africain recherche l’Ailleurs (plaisir) dans la douleur. Cette douleur peut être psychologique ou physique. Elle est psychologique à travers les récits (mensonges) que les anciens bengistes nous déversent quand nous vivons paisiblement au Mboa (pays). Ils nous font ainsi fantasmer, rever et envier leur vie alors qu’en réalité, ils ne « voient pas clair » et jouent chaque jour au « Toméjerrysme ». On se met ainsi à voyager sans décoller, imaginant le jour où nous aussi on pourra mener cette vie de luxe faite de cigares, champagnes et caviar comme la Jet7.

           La deuxième douleur masochiste est physique : celle-ci survient quand nous avons laissé le mythe nous emporter et nous transporter. On se met dès lors à la quête des moyens nécessaires pour réaliser notre rêve. On commence alors par gratter de tous les cotés, à épargner pour le fatidique jour de départ. La douleur physique là nous touche vraiment quand débute le voyage. Vous savez que le froid n’a pas de sentiment (nor), ne gère pas les émotions, il te met à l’aise quand tu le testes. Sans oublier les « marchands de la mort », moi je les appelle les démarcheurs puisque c’est eux qui jouent dix pour que tu puisses réaliser ton souhait : fouler le sol de Mbeng. Et comme tout bon démarcheur, il y’a les frais de démarche et de marche qui se paient avant le service. On se connait entre africain et nous connaissons tous très bien l’adage : « payez avant d’être servi » qu’on affiche dans tous les bars et lieu de vente au pays. Car après le service… Oh oh !!! Man don know !!! Prévenir vaut mieux que guérir…

         Vous savez aussi que quand tu paies ton dix, cela ne constitue pas pour autant une garantie de la réussite de ton « dossier ». De même, il ne faut pas t’attendre à ce que ton démarcheur réussisse à te faire parvenir à destination ! Il peut njoum dans les cissongos (disparaitre) sans laisser de trace (comme Bimbip!) tout comme il peut t’envoyer au champ en te mettant dans un bateau de fortune où la plupart du temps lui-même n’entre pas. Si tu arrives bien à destination c’est bien ! Sinon tant pis ! Chacun gère son couloir !!!

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Afropolitanis_Christian Elongue

Les Avatars du Marxisme en Afrique Noire

  Les dérives du marxisme en Afrique

Tout au long de cette ouvrage, la question à laquelle le chercheur tente d’apporter une réponse satisfaisante est la suivante :

« Existe-t-il une fatalité unilinéaire du développement capitaliste ou est-il possible aux pays agraires à structures de production et de gestion communautaire et à institutions de propriété collective, non encore entièrement détruites par le colonialisme, de construire le socialisme en élaborant un appareil industriel sans passer par une phase d’accumulation capitaliste ? »

Pour accomplir son projet, il commencera par nous présenter la spécificité et l’universalité de la pensée marxiste, ensuite la connaissance du passé du monde négro-africain….

La conscience transformatrice occidentale

        La conquête et la domination occidentale du monde négro-africain coïncident avec la naissance du capitalisme dont la base est la propriété privée. En effet, à la suite de la dissolution de la féodalité, les européens entreprennent de transformer les modes de production des parties du globe terrestre qu’ils conquièrent en modes de productions favorables au capital. Ils poseront ainsi le capitalisme comme un mode de production essentiel et naturel en Afrique où le pouvoir financier impérialiste agresse les économies, les ressources naturelles et matérielles, et transgresse les barrières locales et frontières nationales pour la constitution d’un marché mondial orienté vers une maximalisation du taux de profit, but ultime de l’idéologie capitaliste.

          Le temps est l’autre équation nécessaire pour l’expansion exponentielle du capital car la réduction avec les progrès scientifiques et techniques (moteur à vapeur…) va permettre l’accélération et l’intensification des échanges. C’est dans cette perspective que seront engagés les projets de construction des voies de communication notamment à travers la construction des lignes de chemins de fers, des routes et les divers investissements coloniaux dont l’Afrique sera bénéficiaire. Toutefois, nous ne devrions pas nous laisser séduire par ces projets car comme nous le verrons avec Lénine dans L’Impérialisme, stade suprême du capitalisme[1] : « La construction des chemins de fer semble être une entreprise simple, naturelle, démocratique, culturelle et civilisatrice aux yeux des colonisateurs pour masquer la hideur de l’esclavage capitaliste. Mais en réalité, « les liens capitalistes qui rattachent par mille réseaux ces entreprises à la propriétés privées ds moyens de production en général, ont fait de cette construction un instrument d’oppression pour un milliard d’hommes ».

            Le colonialisme et le christianisme seront dès lors les bras armés du capitalisme. Le premier, se fera avec la violence militaire et l’école coloniale où l’usage de la mnémotechnique permettra l’aliénation des africains en leur enlevant toute conscience d’eux-mêmes afin qu’ils épousent l’idéologie coloniale, c’est-à-dire qu’ils assument eux-mêmes leur oppression et leur exploitation. Cette intériorisation et cette gravure des modèles occidentaux dans la mémoire des peuples va laisser des traces ineffaçables et des séquelles inoubliables au point « d’hypnotiser le système nerveux et intellectuel tout entier »[2]. DIMI en a fait l’expérience douloureuse puisqu’il nous aura confié avoir été victime de bastonnade et de sévères punitions pour avoir malencontreusement fait usage de sa langue maternelle à l’école : le boulou. Ceci est d’autant plus compréhensible car dans l’optique coloniale, le « Nègre ou l’indigène… est une brute ». Il est comme le dit Franz Fanon, « déclaré imperméable à l’éthique, absence de valeurs, mais aussi négation des valeurs…. En ce sens, il est le mal absolu »[3]. C’est pourquoi comme le recommandait déjà Hegel, les sévices corporels et partant l’usage de la violence est salutaire pour lui puisqu’elle lui permet de se réaliser en lui ouvrant les portes de la Civilisation et par conséquent du paradis ou du ciel. Le second bras armé, la doctrine chrétienne à travers l’Eglise aura pour fonction de détruire la personnalité du Négro-Africain d’une part et le génie des peuples d’autre part. Elle se révélera comme étant l’ « opium du peuple » c’est à dire un puissant instrument d’abrutissement des consciences. Ainsi l’alliance mission civilisatrice et évangélisation participe de la conscience européenne. Le politique et l’Eglise sont la recette ayant donné de la saveur à l’économique : le capital.

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