Comment communiquer en Egypte quand on ne parle pas l’arabe ?

L’Egypte, avec ses légendaires pyramides et sa riche civilisation, est parmi les premières destinations touristiques au monde. Des individus de toutes les nations s’y rendent chaque année par centaines de millions pour satisfaire leur soif d’exotisme ou tout simplement à des fins académiques. Quoi qu’il en soit et selon la durée de votre séjour, vous pouvez recourir à un guide local qui se chargera de vous fournir toutes les informations en Anglais, ou alors vous débrouiller vous-même pour communiquer. Dans ce cas, on se repose souvent sur des applications mobiles comme Google translate, Duolingo…

Je me souviens encore de la constance avec laquelle je m’en servais en Egypte.

Dans ce pays arabe, seuls les intellectuels ou personnes à partir de la classe moyenne, parlent ou se débrouillent en Anglais, et le français encore moins. C’est presqu’une langue élitiste réservée à la haute classe, très souvent féminine car les hommes égyptiens perçoivent le français comme une langue “efféminée”.  Il est très difficile voir rarissime de voir un citoyen lambda s’exprimer en français. La langue courante c’était donc l’arabe local : à prendre ou à laisser.

1) Commencer avec Google Translate…

Google translate était donc mon « sauveur » lors des négociations d’achat. Et Dieu seul sait comment j’aime marchander (hihihihi). Car si tu ne marchandes pas bien avec un commerçant égyptien, le « gars » va te vacciner « un genre un genre » tu vas sauf que confirmer. Ne parlant point l’arabe, je tapais donc mes phrases sur Google translate puis je présentais au marchand qui lisait pour comprendre ce que je voulais dire. Quand il était lettré, il écrivait également sa réponse en arabe puis je traduisais vers le français. S’il n’était point lettré, je devais faire recours à la fonction de traduction vocale de Google Translate.

Mais pour ceux qui utilisent régulièrement l’application, nous savons que la traduction vocale n’est pas très fidèle. Surtout que l’accent, la prononciation, le rythme, le débit de parole ou même la qualité de la connexion influencent une réception de qualité du message. Dans ces conditions, ce que je recevais était très souvent 30% du message réel et je me débrouillais avec les signes gestuels pour transmettre le reste de l’information.

2) Enchainer avec la gestuelle…

Même là encore c’était un autre problème car les codes de la gestuelle n’ont pas tous la même signification en Egypte. Je me souviens un jour où je traversais la route, j’ai tendu le bras, la paume de main ouverte, vers un taximan pour lui faire signe de ralentir.

Signe de la main pour demander à une voiture de ralentir au Cameroun. Credit: depositphotos.com
Signe de la main pour demander à une voiture de ralentir au Cameroun. Credit photo: LiliiaKyrylenko via Depositphoto.com

Mais cela eu l’effet contraire et ce fut de justesse que j’échappais au choc. J’appris plus tard que ce geste était plutôt une insulte. Pour demander une pause ou ralentissement, il fallait user d’un autre geste.  Il ne faut aussi jamais montrer sa semelle de chaussure, c’est une grave offense à l’égard des personnes assises en face.

Après avoir suivi quelques cours d’arabe egyptien, j’ai retenu quelques mots clés utiles pour les négociations. L’un d’eux, « Ketir » qui signifie, c’est cher, servait presque à tous les coups. Lorsque j’allais par exemple, acheter un téléphone et qu’on me « taxait » le prix. Mon premier réflexe c’était de répondre Kétir avant même d’entamer n’importe quoi. Après, je sortais mon application Google translate pour gérer la suite. Et lorsqu’il arrivait que mon téléphone s’éteigne avant la fin des négociations, on continuait avec la calculatrice. Le marchand de laptop écrit  son dernier prix sur la calculette puis me la montre. J’écrivais le mien puis le lui montrait également. Et en quelques minutes, le tour était joué.

3) Se faire accompagner par un arabophone et se préparer à faire beaucoup de selfies

Au-delà de l’usage du langage non verbal comme la gestuelle, la mimique, le regard ou le sourire, il est également possible voire recommandé de se faire accompagner, surtout pour les lourdes opérations d’achat, par une personne qui parle bien arabe. Cela facilite la connexion et le prix qu’on donne à l’arabophone est très différent de celui qu’on donnera à un étranger.

Comme on le sait, la langue est un facteur d’intégration capital dans tout pays. Si tu veux te faire accepter par la population d’un pays, il faut apprendre, accepter et partager certains de leur code. C’est ce qu’a très vite saisi mon cher ami Konstantinos Maragkos, que j’ai connu à Accra au Ghana. Et bien que n’ayant résidé que pendant 6 mois au pays de Kwame Nkrumah, il se débrouille merveilleusement bien. De loin mieux que moi-même qui y suis depuis un an déjà. Son secret, c’est qu’il n’a point peur de faire les erreurs. Dès qu’il apprend une nouvelle expression, il s’en sert aussitôt que l’occasion se présente. En matière d’apprentissage des langues, seule la pratique perfectionne.

Pour en revenir au cadre égyptien, toute personne y résidant, pourrait en profiter pour apprendre la langue arabe. Une des cinq langues les plus parlées au monde. Sa maitrise, même au niveau « débutant » constituerait un avantage pour tout locuteur francophone, surtout les auditeurs de l’Université Senghor d’Alexandrie.

Avec des égyptiens qui m'apprirent quelques mots d'arabe. Credit photo: Elongue
Avec des égyptiens qui m’apprirent quelques mots d’arabe. Credit: Elongue

Au-delà des cours d’arabe reçus dans le cadre académique, le meilleur moyen de tester son niveau de maitrise et d’apprendre cette belle langue qu’est l’arabe, c’est dans la rue, dans les ruelles qui jalonne le marché d’Asafra, de Khaled Bin Walid. Allez à la rencontre de ces vendeurs à la sauvette, de ces commerçants ambulants car c’est en conversant avec eux que la magie s’opère. Si aucun des trois moyens susévoqués ne fonctionne, il y’en a qui marche toujours, les selfies. La majorité des égyptiens adorent prendre des selfies, surtout avec ceux qu’ils appellent “Samara”, c’est à dire leurs frères noirs d’Afrique Subsaharienne.

Le selfie est un message qui transcende les barrières linguistiques Credit photo: Elongue
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En train de faire le “kala kala” avec mon petit frère ! Credit photo: Elongue

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Près d’une année après mon départ d’Egypte, je ne peux m’empêcher d’être mélancolique au souvenir de ce pays qui m’a si bien accueillir et où j’ai passé deux années de ma vie. Evidemment, comme toute aventure, il y’a eu des hauts et des bas, notamment la barrière linguistique. Mais les souvenirs positifs sont plus nombreux et gravés à l’encre d’or au plus profond de ma mémoire. Vivement qu’une nouvelle aventure vers le pays des Pharaons se présente: j’ai hâte d’y être à nouveau…

5 thoughts on “Comment communiquer en Egypte quand on ne parle pas l’arabe ?”

  1. Très interessant. Il faut le dire que le message, aussi que le style meritent vraiment d’etre salués. Bravo pour ce travail.

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  2. Ahhh oui. Tu réveillés en moi de très bons souvenirs mais aussi de ####
    Ahhh ahh la gestuelle! Les 1ers jours à Alexandrie… On dirait un chef d’orchestre d’un Mozart
    Merci mon cher de m’avoir replongé dans ces souvenirs

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  3. C’est un plaisir que de savoir que ce billet a réveillé d’aussi bons souvenirs en vous. Alexandrie fut pour moi une expérience inoubliable et je vois qu’il est de même pour vous.
    Evidemment, rien n’est parfait. Il y’a toujours des hics… Mais je décide toujours de ne garder que les bons souvenirs et d’oublier le reste…

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  4. Beau billet ! Remercions Google lol, j’ai pu communiquer avec un Roumain grâce à Google !

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